PLANÈTE MARS
Quand on dit «Marseille» on pense tout de suite au Vieux Port, à la bonne mère, au Mucem, au quartier du Panier... On pense aussi aux quartiers Nord, dangereux, chaotique, sale, pauvre... où il n’y a que des règlements de compte. Mais peut-on juger un livre rien qu’à sa couverture ? Peut-on s’instruire uniquement en regardant les médias main-stream? Après 3 ans à battre le pavé de Marseille, je me rend compte que le Nord de la cité Phocéenne, ces quartiers laissés pour compte, méritent d’être mit en lumière. On dit souvent «ville aux deux visages», moi j’en ai vu des centaines... Après 3 ans à battre le pavé de cette ville, il est plus que jamais temps de montrer que Marseille ne rime pas qu’avec Vieux Port et Prado ou Castellane et racaille. Solidarité, entraide, diversité culturel, fierté, communauté, unité... Loin des clichés, j’ai appris à découvrir avec quoi Marseille rime. Dans cet éditorial on va donc mettre en lumière un Marseille délaissé, préjugé, pour ces bons côtés qui sont nombreux.
L’après M
« L’après M », est un restaurant social et solidaire implanté depuis le début de la crise sanitaire du COVID-19, dans les locaux abandonnés du McDonald’s de Saint-Barthélémy, placé en liquidation judiciaire en décembre 2019. Un nom qui symbolise le monde d’après McDo, dans une approche solidaire et participative. Réquisitionné lors du premier confinement par d’anciens salariés avec le soutien des riverains et de nombreuses associations, le fast-food social est devenu le centre d’un projet conjuguant banque alimentaire et lieu d’insertion professionnel, au sein d’un arrondissement où le taux de pauvreté dépasse les 40%. Une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) bientôt constituée pour pérenniser le projet de fast-food social. En attendant que l’association disparaisse au profit d’une SCIC, au sein de laquelle salariés, anciens salariés, habitants du quartier, pouvoirs publics et financeurs seraient représentés, les initiateurs du projet se sont réunis samedi 19 décembre 2020 pour une journée symbolique, durant laquelle 1000 repas ont été servis. Au menu : des hamburgers bio ou végans, imaginés par des restaurateurs locaux, ont été offerts aux habitants du quartier. L’après M est une preuve de solidarité et d’entraide qui vient casser la stigmatisation qui heurte ces quartiers délaissés et appauvris.
Panneau MARSEILLE
Depuis 2016, Marseille s’affiche en lettres géantes au sommet de la colline de Grand Littoral à quelques encablures de l’hyper centre commercial des quartiers Nord. Des lettres dignes du célèbre panneau Hollywood. A l’origine cette enseigne a été installée par Netflix, pour accompagner la sortie de sa série «Marseille». Une série avec Gérard Depardieu et Benoît Magimel dans les rôles titres, et aussi Géraldine Pailhas, Nadia Farès et Natacha Régnier. Avec la mairie de Marseille comme théâtre. Au total 16 épisodes de 52 minutes qui ont accompagné le développement de Netflix, avec un succès de la série surtout en Amérique du Sud, en Russie et aux Etats-Unis. Côté chiffres, les lettres géantes font 13,7 m de haut et MARSEILLE s’écrit sur plus de 100 m de long. Le panneau Marseille est toujours très animé. Beaucoup de promeneurs viennent profiter de la vue et du parc Foresta, les motos cross profitant du terrain et le ranch Karamane construit à ses pieds où chevaux et cavaliers profitent du cadre agréable, tel une communauté auto-suffisante.
Marseille laissé pour compte
Ici, entre Route de Lyon et Chemin De La Madrague, depuis 2018 c’est plus d’une dizaine d’arrêtés d’interdiction d’occupation, de mise en sécurité d’urgence ou de péril imminent. Aux pieds de la zone d’affaires Euroméditerranée où se dresse le géant du transport maritime CMA CGM, on semble apercevoir un phénomène de gentrification sur fond de croissance exponentielle. C’est en faite 14 hectares qui sont déjà réservés au tandem Linkcity-Bouygues Immobiliers pour laisser place à des écoquartiers innovants. C’est donc bien avant 2018 que ce quartier logé entre Arenc et le Marché Aux Puces est délibérément laissé pour compte, voués à disparaître aux profits d’un projet soit disant plus responsable et humaniste, mais à quel prix? En effet, ce phénomène rendra bien moins accessible le quartier en terme de loyer, au détriment d’une partie des citoyens toujours repoussée vers la difficulté du relogement et la précarité. Depuis tant d’années, les épisodes se ressemblent. Des communautés entières catalogués, cité par cité, oubliés dans des forêts de ciment, toujours plus éloignées du centre-ville. Une population divisée, autour d’une seule et même «fierté» d’occuper ces lieux emblématiques.
MARCHÉ AUX PUCES
A la fin des années 1980, s’ouvre dans le nord de Marseille le Marché Aux Puces. De l’hypermarché à l’étal de rue, du marché à la «boutchique», de la grande surface au souk. Le Marché Aux Puces, rassemble ce que la ville tend habituellement à séparer physiquement au nom d’une efficience fonctionnelle et à segmenter surtout. Ici le client roi est celui qui touche, palpe, ausculte et finalement achète parce qu’il ne compte que sur luimême et sa propre expérience pour se faire raison, dans une interaction directe au vendeur dont on teste, autant que celles du produit, les qualités sensibles. Ici on achète des produits meilleurs qu’au super-marché, où les prix sont arrondis, on achète aussi Halal puisque la majorité des commerçants et clients sont musulmans. On goûte à d’autres saveurs dans une atmosphère fraternelle et bon-vivant. Attention, le poissonnier ouvre seulement le matin pour vendre son bon poisson frais, levez-vous tôt.
Après la nourriture, la boisson! Le ricard ou le pastis, ou le pastaga ou bien le jaune est un alcool très appréciés des marseillais surtout avec des glaçons!
CRÉDIT
MATTHIEU PILARD
Photographe
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CLAIRE GERLERO
Styliste / D.A
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Lieux
L'après M
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PARC FORESTA
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